Louis et Louisa - Chronique ordinaire d'une famille du Pas de Calais début 1900

 La généalogie est entrée dans ma vie il y a une bonne dizaine d’années et maintenant que je suis en très grandes vacances elle occupe mes journées de sédentaire.

Très vite je me suis aperçue que mon but ultime n’était pas le nombre d’individus nommés sur mon arbre bien qu’ayant atteint les 1 700 ; je me sens assez fière du travail accompli ces dernières années ; moi qui me sentais seule, me voilà le sosa n° 1 d’un arbre familial dont je n’ai pas à rougir puisque je connais chaque histoire de couple, chaque individu qui a été noté.

La recherche généalogique c’est se fatiguer les yeux durant de longues heures sur les sites départementaux et les registres paroissiaux mis en ligne et un grand merci à l’évolution technologique et internet qui nous permet de trouver des trésors sans bouger de chez nous !  

C’est aussi être déçu et parfois frustré, mais ce sont aussi des découvertes étonnantes comme celle de la mort de Joseph à 12 ans bien loin de son lieu de naissance.

C’est aussi reconstruire les familles par le biais des recensements mis en ligne quand ils existent encore, et j’ai beaucoup de chance de pouvoir compter sur ceux du Pas de Calais.

C’est ainsi que j’ai pu retrouver la famille d’un couple que nous appellerons Louis et Louisa. Tous deux sont nés en 1894 et 1895.

Très contemporains, je me doutais que sur le site où est posté mon arbre il y aurait peu de renseignements sur eux, ou un minimum. Le Pas de Calais actuellement ouvre de nouveaux registres, d’après 1900, et nous pouvons enfin avancer à petits pas dans notre histoire familiale proche. Louis est le frère d’une grand-tante Germaine décédée en 1965 dont j’ai quelques photos et peu de souvenirs. Une bien belle famille de huit enfants dont j’ai pu retrouver l’histoire.

Je sais que beaucoup d’entre vous pensent « qu’avant c’était mieux ». C’est sans doute vrai pour une certaine « simplicité » de vie et d’échange, beaucoup moins lorsqu’on la subit de plein fouet avec des guerres, des maladies, la misère sociale…

Donc pour en revenir à Louis et Louisa, ils se sont sans doute rencontrés vers 1911 du côté de Courcelles lez lens où vit Louisa. D’eux naîtra en 1912 une petite fille Mercèdes. Puis en 1914 à Reissex en Belgique, viendra au monde Blanche.

Nous sommes au bord de la guerre et c’est sans doute ce qui motive Louis à revenir dans le pas de Calais près de la famille de Louisa.

Le 22 Juillet 1914 il épouse Louisa à Courcelles Lez Lens et le couple reconnaîtra et légitimera les deux fillettes.

Pendant la guerre, naîtront deux enfants : en 1915 Louisa et en 1917 Louis.

Malheureusement la maladie, les privations, la misère emporteront sur cette période deux des enfants : Blanche en 1916 (2 ans) et Louisa en 1917 (2ans).

Le couple s’est définitivement installé à Courcelles les Lens où Louis est Mineur aux Mines de l'Escarpelle. 




Viendront agrandir la famille :

- Blanche en 1919,

- Jeanne en 1921,

- Marcel en 1923,

- Robert en 1925,

- Raymond en 1927.

Je n’ai pour l’instant pas assez de données pour savoir si ces enfants ont tous survécu, mais sur la fiche matricule de Louis on peut lire « père de 5 enfants au 13 septembre 1928 »

Les années passent, Louisa est âgée de tout juste 34 ans et elle a déjà mis au monde neuf enfants ! Elle avait 17 ans lorsque sa première fille Mercèdes est née ! Celle-ci se marie en 1930.

Une nouvelle grossesse s’annonce pour Louisa ; elle se soldera par la naissance d’un enfant mort-né. Nous sommes en 1929. 

Trois ans plus tard, Louisa accouche en 1932 à l’Hôpital de l’Hôtel Dieu à Douai d’un enfant mort-né qui l’emportera avec lui quarante-huit heures plus tard. Elle est âgée de 37 ans….

 





Louis lui survivra jusqu’en 1962 et décède à l’âge de 62 ans, il était mineur, et rare sont ces travailleurs pouvant bénéficier d’une longue retraite…..

J’ai pu reconstituer la famille que j’espère complète grâce aux nombreux recensements de Courcelles Les Lens et aux actes de décès de cette ville. Il me manque sans doute deux décès si la fiche matricule est exacte.

 

Je me suis demandé pourquoi je retrouvais Louis en 1914, 1915 sur Courcelles. Sa fiche matricule me donnera l’explication :

« Ne s’est présenté devant aucun conseil de Révision depuis la mobilisation – Déclaré apte au service armé « Bon absent » - Appelé à l’activité le 15 Mai 1915, n’a pas obéi à son ordre d’appel – Placé dans les délais ledit jour – Rayé du contrôle des délais le 12 juin 1919 étant resté en pays envahi – Maintenu service auxiliaire par la Commission de Réforme de St Pol du 9 Juillet 1919 ».

 

Voilà l’histoire de Louis et Louisa. J’ai une pensée émue pour cette jeune femme disparue trop tôt, très certainement usée par ses nombreuses grossesses et la dureté de sa vie de femme de mineur.

 

Je n’ai pas donné de nom volontairement car il y a des descendants de cette famille de nos jours. Vous ne verrez donc aucun document sur leur existence. Merci de votre compréhension. 

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