LA MINE - DES HOMMES - DES FEMMES - UN UNIVERS - DES DESTINS .....

FEMMES A LA MINE - FEMME DE MINEUR

Il y a quelques jours c'était la journée des droits la femme. Aussi cette semaine j'en envie de vous parler de celles qui me touchent plus personnellement, les femmes qui avant la guerre 39-45 vivaient dans les corons, dans cette société dans la société, bien spéciale, avec des règles édictées par les grandes sociétés minières et où leur avis n'était guère sollicité. C'était il n'y a pas si longtemps.

Ma grand mère maternelle m'a souvent parlé de son enfance, de son travail en lampisterie puis de son départ en service à Lille dans une famille bourgeoise. Avec le recul je m'aperçois qu'elle était déjà dans une famille moderne qui s'émancipait du monde de la mine, elle ne vivait pas dans les corons mais dans une petite impasse, maison de trois pièces sans confort que j'ai connue et dans laquelle mon arrière grand mère a élevé neuf enfants dont seuls six sont arrivés à l'âge adulte.

Ma grand mère paternelle n'a pas échappé à ce monde, elle a grandi dans les corons, a travaillé au triage durant son adolescence, s'est mariée à 19 ans à un mineur qu'elle a enterré silicosé à 50 ans. le chemin type prévu par les directions des Houillères de l'époque.

Il reste maintenant peu de témoins de cette époque. Mais un très beau livre parle de leurs histoires et contient beaucoup de témoignages, je vous le recommande car il vous prend aux tripes et vous raconte la difficile vie des femmes à cette époque.

Elles travaillaient souvent au triage dès 12 ou 13 ans pour un salaire inférieur à celui des hommes au même poste. Il n'est pas possible de savoir combien elles étaient car il n'y avait aucun registre les répertoriant. Comme elles travaillaient à la mine elles restaient ainsi sous le contrôle de la famille qui souvent travaille à la même fosse. Elles sont mal considérées, dévalorisées, peu instruites, le but étant d'en faire de bonnes ménagères porteuses de nombreux enfants devenant à leur tour de la main d'oeuvre à bon compte pour les compagnies minières.
Le monde de la mine était un monde d'hommes dont la force et le courage étaient mis en avant.

Lorsque la femme devenait veuve, il y avait intérêt à ce qu'un enfant prenne la suite du père à la fosse sinon elle perdait son droit au logement.

Une fois mariée on lui demandait de quitter la mine, seul un seul membre du couple pouvait travailler à la fosse, ils ne pouvaient cumuler deux salaires. On leur laissait la possibilité de travailler ailleurs mais vu leur faible niveau d'études et les travaux domestiques de la maison qui lui incombaient, elles restaient le plus souvent dans la cité.

Qu'est-ce que le triage ? Il se passait en deux postes, l'un le matin, l'autre après midi, avec une pause de 25 minutes pour le "briquet" du midi. Il s'agissait de trier les cailloux du charbon. Elles travaillaient dans un univers très bruyant ouvert à tous les vents, gelées l'hiver, une fournaise l'été. 
Leurs yeux sont noirs de poussières et difficiles à nettoyer, leurs mains sont très sèches et très abimées quand il ne manque pas des doigts, les accidents sont fréquents (pieds écrasés, doigts coupés..). Elles travaillent sans gants. 
Pour se protéger de la poussière elles portent des "béguins" une coiffe qu'elles fabriquent. Elles manipulaient environ 10 tonnes de cailloux par jour.

Il faut ajouter que les hommes au fond n'avaient pas de commodités pour leurs besoins et qu'ils les faisaient dans les wagons contenant le charbon qui se retrouvaient au triage des femmes. Elles n'avaient aucun lavabo pour se laver les mains ni de vestiaires.

La fin du triage sera effective dans les années 1950.

Elles pouvaient aussi être lampistes.
Travail en deux postes : de 5h00 à 14h00 et de 14h00 à 22h00.
Ce travail consistait à l'entretien des lampes donnés aux mineurs pour le travail au fond, la réparation, le remplissage ...
C'est bien sur un homme qui commande l'équipe de lampistes, il ouvre et ferme l'endroit, mais elles peuvent être mieux habillées, elles portent jupe et corsage, un tablier, se nouent les cheveux en chignon. Il s'agissait toutefois d'un poste très stressant au moment de la remontée ou de la descente des hommes.
Elles échangeait la lampe contre la tablette des mineurs (la plaque d'identité du mineur), le seul témoin que le mineur est au fond de la mine.
A la fin des années 1950 les lampes ont été fixées au casque des mineurs.

Pour résumer, les filles de mineurs deviennent des épouses de mineurs, des veuves de mineurs, elles ont et sont d'une grande fratrie et quand elles sont les aînées elles secondent leur mère dans les tâches domestiques.
Les compagnies houillères n'encouragent pas les filles à faire des études, d'ailleurs aucune bourse n'est prévue pour elles....

Dans mon prochain article je vous parlerai des écoles ménagères proposées aux filles par les houillères, tout un programme !!!!


 



Voici une photo de ma grand mère, adolescente, prête à "embrasser" sa carrière de trieuse et d'épouse de mineur qu'elle fût jusqu'à la mort de mon grand père détruit par la silicose à 52 ans, je n'ai qu'un très vague souvenir de lui. 
Elle se trouve tout en haut de la photo à droite




**************************************************




Un département, une histoire de 1500 à nos jours

Voilà un petit livre que je vous recommande vivement, que vous soyez du Nord, Pas de Calais ou d'ailleurs.
Il vous dresse avec rigueur le portrait de cette région qui s'est vue maintes fois envahie et qui n'est française que finalement depuis bien peu au regard de l'Histoire.
C'est une région où l'on s'est beaucoup battu, où le sang a souvent coulé.
Le livre est joliment illustré de gravures anciennes, de plans, et de cartes. C'est un voyage intéressant et prenant de l'Antiquité à nos jours.
Un mot sur l'auteur :
"Christophe Drugy est bien connu des généalogistes par ses articles et par deux guides consacrés aux recherches en Belgique et dans les anciens Pays Bas.
Diplômé des universités Panthéon-Sorbonne- Paris 1 et Charles-de-Gaulle-Lille 3, il est professeur d'histoire-géographie dans un lycée lillois et correspondant de presse".

Résumé du livre :
"Voici un guide qui dessine un demi millénaire d'histoire d'un territoire dont le nom se confond avec l'un des points cardinaux. Si l'on parle volontiers de l'Est de la France, du Sud - ou du Midi, de l'Ouest voir du Grand Ouest, aucun des 101 départements français de métropole et d'outre mer n'est dénommé de cette manière. Le Nord fait exception. Il est l'unique exception.
Un département, une histoire tel est le titre et le dessein de cette nouvelle collection. Un voyage à travers le temps et l'espace qui mène le lecteur de la Flandre de Charles Quint au grand stade Villeneuvois, de l'exil de Merlin de Douai au suicide de Roger Salengro, à travers cinq siècles d'une histoire tourmentée où le Nord montre des visages plus variés que ne le laissent supposer les clichés habituels......."

Je recommande cet ouvrage aux nouveaux qui vont commencer leurs recherches, ils pourront ainsi planter le décor autour des registres qu'ils vont découvrir. Que voulez-vous... vous me connaissez maintenant... pour moi, la généalogie c'est avant tout l'histoire... 1000 noms sur un arbre c'est bien, mais savoir comment ont vécu ceux inscrits sur cet arbre c'est tellement plus excitant ! Vous écrivez le roman de votre vie


***********************************************

LA VERITABLE HISTOIRE DE LOUISE PETITE OUVRIERE DANS UNE MINE DE CHARBON 





Il y a quelques temps alors que j'accompagnais Petite Chérie (ma petite fille) en librairie à la recherche d'un livre que je n'ai d'ailleurs pas trouvé, nous avons fait un petit tour au rayon jeunesse et quelle fut ma surprise de trouver ce petit livre qui s'adresse aux enfants à partir de 8 ans que je me suis empressée d'acquérir à un prix très raisonnable.

Il fait partie d'une collection intéressante qui consiste à faire découvrir aux enfants les moments forts de l'histoire au travers des personnages qui peuvent les interpeller.

Son résumé :

"En Europe, à la fin du XIXème siècle, l'industrie est en plein essor. Pour faire fonctionner toutes les nouvelles machines à vapeur, il faut de plus en plus de charbon. Louise a 9 ans. Elle vit avec sa famille dans le nord de la France. Son père est mineur. Il travaille 6 jours sur 7, de longues heures durant. Mais ce n'est plus suffisant pour nourrir les siens. Louise va devoir, elle aussi, descendre au fond de la mine. Et pour cela il va falloir ruser......"


Si j'ai trouvé le début de l'histoire intéressant j'ai bien vite "buté" sur l'intrigue car il ne faudrait pas assimiler les "porions" (chef d'équipes) à des "vilains pas beaux méchants" vendus aux compagnies concurrentes. Je sais qu'il y a des brebis galeuses partout mais ça me laisse dans l'esprit un gout plutôt amer (bon, je suis adulte). Mais je vous rassure tout se termine bien pour nos petits héros et l'avenir de Louise est optimiste.

Ce petit livre fourmille d'indications et images attrayantes, instructives sur la vie de l'époque.

Il devrait plaire à nos petites têtes blondes, brunes et rousses.


 


**********************************************

LE GRISOU - CHANSON DE Pierre Delys


En classant la centaine de partitions des années trente que nous a laissée mon grand père, musicien, j'ai trouvé, glissée parmi elles, une grande affiche ne portant pas de date avec quelques photos et un texte de chanson écrit en mémoire des mineurs.

Cette affiche m'a intriguée car écrite en deux langues elle était publiée par F.Fiocchi, 64 rue des capucins, à Bruxelles (j'ai même un numéro de téléphone)

Son titre : LA CHANSON DU MINEUR - Het Lied van den minjnwerker

Je vous la propose en quelques photographies :








Curieuse d'en savoir plus, je me suis dirigée vers Wikipédia qui m'a donné une foule d'informations que je vous invite à lire à cette adresse :


"Le Borinage est une sous-région belge située en Région wallonne dans la province de Hainaut, à l'ouest et au sud-ouest de la ville de Mons, à l'extrémité ouest du sillon Sambre-et-Meuse. C'est un ancien site minier qui donnait jadis du charbon à l'affleurement, notamment dans la forêt Charbonnière. Les veines se prolongeaient au-delà de la frontière franco-belge et on a retrouvé le charbon du côté français plus en profondeur, la surface étant recouverte de sédiments tertiaires. Plus tard, les hommes ont creusé des mines. La technique évolua si bien que l'exploitation de charbonnages de taille considérable fit du Borinage un des berceaux de la révolution industrielle après l'Angleterre." -source Wikipedia


Et je me suis arrêtée sur deux blogs très intéressants :



Ces deux blogs vous proposent des nombreuses photos d'époque.

Il me semble donc avoir pu situer le lieu et la date de l'accident cité sur cette affiche :

L'accident se serait passé au Fief de Lambrechies, au puits situé rue de Lambrechies à la limite Patûrage et Sud de Quaregnon.
Il aurait eu un premier coup de grisou le 15 Mai 1937 à 20 h 00 provoquant un violent incendie, 46 mineurs étaient au fond à la veine Angleuse.
le 17 Mai il y aurait eu un second coup de grisou qui aurait pris au piège les sauveteurs descendus.
Pour maîtriser l'incendie il fallut noyer la veine ce qui signa la fin de son exploitation, mais aussi l'abandon de 32 victimes qui ne purent être remontées.
Bilan final 57 mort, 17 blessés.
(source blog charbonnages du Hainaut)


****************************************************

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

CATASTROPHE DE COURCELLES LES LENS 31 Juillet 1929

Joseph LAMENDIN, le petit oublié d'une famille décimée début 1900

Joseph LAMANDIN (LAMENDIN) et Maria JURGAN (JURGAND)