LA CATASTROPHE MINIERE DE COURRIERES LE 10 MARS 1906

Lorsque j'ai commencé mes recherches sur la catastrophe de Courrières de 1906, la plus importante d'Europe, je me suis immédiatement dirigée vers internet, les moteurs de recherches, et j'ai trouvé de nombreux sites et blogs qui en parlaient.

Il était sans doute inutile que j'en rajoute sur le mien pour dire et redire la même chose.

Comme j'habite désormais dans le Béarn, loin de ma région de naissance, je me suis dirigée tout naturellement vers les Archives Départementales de Pau (où je reçois toujours un accueil très chaleureux et instructif), afin de consulter la presse locale, certaine qu'une telle catastrophe ne pouvait avoir laissé la France indifférente.

Et j'ai été largement récompensée.

Dès le lendemain de la catastrophe « LE MEMORIAL DES PYRENEES » quotidien de l'époque publiait dans ses flash « dernière heure »

« EPOUVANTABLE CATASTROPHE » Paris 2 heures. On télégraphie de Lens : une épouvantable catastrophe s'est produite dans les trois fosses des mines à Courrières. Des fosses sont actuellement transformées en brasier ardent. Dix huit cents ouvriers étaient descendus dans la matinée. On espère toutefois que la plupart ont pu se réfugier dans les galeries latérales. Les causes de cet horrible sinistre sont encore inconnues »

« La catastrophe de Lens. 5 heures. On télégraphie de nouveaux détails de Lens : Voici, selon toute probabilité, comment la catastrophe s'est produite dans les trois mines connexes de Courrières. D'après des renseignements puisés à diverses sources, on croit qu'un éboulement s'est produit, à la suite de l'incendie des fosses de Méricourt. Cet éboulement a obstrué le passage de l'air. Les flammes sortant du puits empêchent encore à midi de remonter les ouvriers. Environ 15 blessés sont connus à l'heure actuelle. On travaille effectivement à déblayer les fosses, afin d'atteindre le plus rapidement possible les ouvriers retenus dans la mine ».
« MM. Gauthier et Dubief, ministres des travaux publics et de l'Intérieur dans le dernier cabinet doivent partir ce soir pour Courrières ».



« La catastrophe de Lens. 6 h 10. Le président de la République, profondément ému par la catastrophe de Courrières a fait transmettre aux populations ouvrières de cette commune l'expression douloureuse de sa sympathie.
MILLE MORTS ?
On télégraphie de Lens à 3 h 30 : la catastrophe de Lens prend les proportions d'une calamité publique.
On parle de mille ouvriers tués. Mais rien ne prouve que ce chiffre soit exact, bien qu'aucun des mineurs des puits 2,3 et 4 ne soit encore remonté.
Au puits 4 on procède difficilement au sauvetage, le cric étant avarié par l'explosion et la cage ne pouvant pas descendre jusqu'au fond.
On retire quelques ouvriers de la fosse 11, voisine de celles de la catastrophe ».

Les flashs tombent les uns derrières les autres, de plus en plus alarmants et de plus en plus terribles et ça n'ira qu'en croissant.

Replongeons nous en 1906, le 10 mars au matin. Il fait froid, c'est la fin de l'hiver quoique dans le Nord il dure plus longtemps que dans le Béarn.
Nous sommes dans une de ces nombreuses petites maisons construites pour le peuple minier, dans des cités appelées « corons ». Tout y est noir par la poussière de charbon. Entrons doucement, Marie (donnons lui ce prénom) a réveillé son homme et son dernier fils qui se préparent pour aller au travail et descendre au fond à 6 heures. Ils mangent en silence, ils n'ont jamais parlé beaucoup, pourquoi faire ? Chacun à sa place dans le foyer, Marie s'occupe de la maison, de son homme et de ses enfants encore présents. Lui s'occupe de gagner l'argent du foyer. Il travaille toute la semaine. Il se détend un peu le dimanche avec les hommes voisins qui sont comme lui. Peu de repos, un corps déjà très douloureux, cassé par ce métier difficile. Il attend la retraite si Dieu ou autre (il ne croit plus en rien) la lui permet. Son fils lui jette un coup d'oeil, et replonge son nez dans le bol qu'il avale goulument.
Marie prépare les deux briquets (casses-croutes) qu'ils mangeront au fond à la pause. Si tout va bien elle les retrouvera au milieu de l'après midi. Elle a toujours vécu avec la mine, fille de mineur, femme de mineur et aujourd'hui mère de 13 enfants, mineurs à leur tour, plus ou moins adultes, mariés ou chez elle. La mine lui a déjà pris son premier mari. Celui qui partage sa vie c'est celui qui a accepté de la prendre avec ses enfants, parce que c'est comme ça dans les corons, les veuves ne le restent pas. Les hommes sont là.
Elle a toujours été vaillante malgré ses nombreuses grossesses. D'ailleurs, elle ne se pose aucune question sur son devenir. Elle vit chaque jour au présent et au rythme de la mine, mais en secret elle prie Dieu qu'il soit charitable envers elle et lui laisse ses enfants.
Il est l'heure. L'homme se lève, le fils aussi. Ensembles ils vont rejoindre leurs compagnons du jour. La nuit est encore là. Après les quelques mots matinaux d'usage, ils marchent d'un bon pas vers la mine pour se préparer à descendre vers ce qui sera une journée comme toutes les autres, sauf que nous sommes le 10 mars 1906..... et qu'aucun des treize enfants de Marie, ni son mari ne remonteront. Pour eux il n'y aura jamais un 11 mars. Pour Marie il y aura le vide et Dieu ne pourra jamais apaiser sa douleur.


Il faut préciser maintenant un point important. La catastrophe ne s'est pas passée à Courrières. Elle concernait la Concession de Courrières qui regroupait plusieurs puits de mines reliés ensembles souterrainement ce qui entraînera un nombre de victimes considérable.

À 6 h 30 une secousse ébranle la région :

  • à la fosse 2 de Montigny un énorme dégagement de gaz s'échappe de l'ouverture du puits.
  • À la fosse 3 de Méricourt, la cage ne fonctionne plus , le puits est obstrué par un amoncellement de planches vers 170 m de fond,
  • à la fosse 4 de Sallaumines un ouvrier chaudronnier qui travaille a proximité de l'ouverture du puits est projeté à 15 mètres de son échelle.

Une cinquantaine d'ouvriers remontent des trois fosses dans la journée. Ils racontent qu'à 6 h 30 ils avaient entendu un bruit sourd, au même moment la flamme des lampes qui suivaient la direction normale du courant d'air se renversa. 
Il y eut un bruit terrible et tout s'est écroulé autour d'eux. 
Le mineur François Cerf, Fosse 4 dira « Nous avons couru vers l'accrochage, mais nous avons rencontré le mauvais air... alors nous sommes revenus en arrière ».
Le mineur Joly de la Fosse 3 dira : « Un violent coup de vent. Une sorte de cyclone. Tous ceux qui travaillaient près de moi se précipitent de la bowette (galerie dans laquelle circule les berlines) où nous étions pour gagner le burtia (puits entr deux galeries d'étages différents), le descendre et gagner par là l'accrochage. Mais ils tombèrent morts asphyxiés ».
Ceux qui ne sont pas déchiquetés sont morts brûlés ou asphyxiés : « Nous trouvons des cadavres de mineurs nus jusqu'à la ceinture et vraisemblablement surpris pendant le travail... mais plus loin nous rencontrons des cadavres d'ouvriers qui s'étaient rhabillés (rapport de la commission d'enquête, version délégués mineurs ».

Près de 1700 hommes étaient au fond au moment de la catastrophe. 700 remonteront dans la journée.

Le bilan est terrifiant :

  • Fosse n° 3 : 507 hommes absents sur les 666 descendus
  • Fosse n° 4 : 429 sur les 482 manquent à l'appel
  • Fosse n° 2 : 164 sur 517 ne sont pas remontés.

Sont-ils morts, ont-ils pu se mettre à l'abri ?


Voici les témoignages recueillis et publiés dans « Le Mémorial des Pyrénées » du Mardi 13 Mars 1906, soit deux jours après le début de la catastrophe.

 
-article recueilli aux archives départementales des Pyrénées Atlantiques-


LE PROGRES DU NORD publie l'article suivant :

« Fosse n° 2, au 186 de la rue du gaz. Sur une table de la cuisine gît un gros bébé horriblement pâle, la tête énorme ballotant sur les épaules. Sur le carreau rouge qui dalle le sol, une petite fille de douze ans, à peine vêtue, est secouée d'un long sanglot. 
Dans la pièce du devant, une femme se débat violemment entre les bras de voisins qui essaient de la maîtriser « donnez-moi un couteau, donnez-moi un couteau que je me tue » répète-t-elle. 
Cette femme a perdu son fils de 14 ans dans la catastrophe. 
Son enfant de 3 ans vient de mourir d'une commotion cérébrale. 
Elle est devenue folle et le docteur la fait transporter dans une pharmacie quand son mari rentre de la fosse. Celui-ci sombre, rentre, regarde et comprend tout. 
Il court comme un fou en criant : j'y retourne à la fosse et je veux y rester cette fois, j'ai trop souffert ». Il trébuche et s'abat dans la neige....


Tous ces témoignagnes vous les retrouvez dans l'excellent livre « Crime ou catastrophe » Editions Floréal – H. Luxardo – CC Ragache – J. Sandrin



 Vous trouverez la liste des morts de cette catastrophe à cette adresse :
http://fouquiereschf.free.fr/histoire/mines/1906/liste_des_morts_a_la_catastrophe.htm

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Un miracle se produisit pourtant vingt jours après la catastrophe. Treize ouvriers qui erraient dans les galeries dans des conditions épouvantables, sont repérés par un ouvrier sauveteur et sortent par leurs propres moyens.
Un quatorzième mineur sera retrouvé au vingt-quatrième jours par une équipe de sauveteurs allemands venus prêter main forte au français avec leurs appareils respiratoires ! 







Voici quelques photos de la catastrophe et "Une" des journaux de l'époque.













Je vous conseille l'article sur Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Courri%C3%A8res

Un timbre a vu le jour pour commémorer cette date : 




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Je voudrais vous présenter cette magnifique bande dessinée de Jean-Luc Loyer qui raconte les événements qui se sont déroulés le 10 mars 1906 où 1099 ouvriers mineurs perdirent la vie en quelques minutes.

L'auteur situe parfaitement l'action par une présentation du climat politique avant et après la catastrophe. On comprend mieux ainsi l'état d'esprit de ces ouvriers pris en étau par des société minières avides de dividendes, de rentabilité et peu encleintes à dépenser un centime à la protection des hommes. l'abondance d'hommes et de femmes à son service lui donnait tous les droits.
Pour ceux qui connaissent l'histoire tout y est narré, y compris celle du cheval prisonnier des galeries et qui s'avance confiant vers les hommes.....
Une grande émotion, quand j'ai découvert au milieu du livre , la liste des 1099 victimes.
Les dessins sont sombres, dépouillés, mais parlants.
On y trouve quelques mots de patois qui peuvent toucher plus particulièrement ceux qui ont vécu dans la région à l'époque glorieuse du charbon....
Finalement en lisant cette histoire je m'aperçois que rien ne change dans ce monde. Les conditions de travail sont peut être moins difficiles (et encore) mais le but d'enrichir certaines sociétés et ses actionnaires reste le même.
Avoir pris le temps de raconter cette histoire en bande dessinée permettra sans doute aux jeunes de s'y intéresser et de se pencher sur les conditions de vie et de travail de leurs aînés.
Je ne vous cacherai pas que les larmes ont envahi mes yeux à plusieurs reprises et que j'ai tourné pudiquement la page parlant du cheval, incapable de la lire... oui j'ai été touchée, et je vous recommande ce livre, le prix étant largement justifié.
les dernières pages contiennent des documents d'époque et un lexique. et des liens pour celles et ceux qui voudraient en apprendre plus.
C'est un cadeau à offrir ou s'offrir.....


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Au cours de mes recherches sur la commune de Billy Montigny j'ai vu cet acte de décès concernant 26 mineurs décédés lors de la catastrophe qui n'ont pu être identifiés et deux disparus. 
Il aura fallu un jugement en date du 11 Octobre 1906 afin que chacun fut déclaré officiellement mort. 
Voici l'acte retranscrit et copie de son original :

ACTE n° 222

Jugement du 11 Octobre 1906

Tenant lieu d’acte de décès à vingt six victimes de la catastrophe des mines de Courrières dont les corps n’ont pu être retrouvés.


L’an mil neuf cent six le trente un octobre à huit heures du matin nous Tournay Pierre Joseph et officier de l’état civil de la commune de Billy Montigny, canton Est de Lens arrondissement de Béthune département du Pas de Calais avons procédé à la transcription du jugement du Tribunal Civil de Béthune en date du onze octobre mil neuf cent six rétablissant les actes de décès des victimes de la catastrophe des mines de Courrières qui n’avaient pas encore d’actes de décès.

 

République Française – Au nom du peuple français

Le Tribunal civil de première instance de l’arrondissement de Béthune a rendu le jugement ci-après sur le réquisitoire dont la teneur suit :

Le Procureur de la République près le tribunal de Béthune a l’honneur d’exposer ce qui suit à Messieurs les Président et juges composant le même tribunal.

Le dix mars mil neuf cent six une explosion se produisit au fond des fosses deux, trois et quatre des mines de Courrières.

Le matin de la catastrophe cent soixante ouvriers mineurs étaient descendus à la mine par le puits de la fosse numéro deux situé sur le territoire de la commune de Billy Montigny.

A l’heure actuelle cent cinquante-huit cadavres ont été remontés au jour, deux n’ont pu être retrouvés et ne le seront vraisemblablement jamais.

Sur les cent cinquante-huit cadavres remontés cent trente quatre ont été renommés et ont fait l’objet d’actes de décès réguliers dressés par le maire de Billy Montigny.

Vingt six des ouvriers morts dans la catastrophe soit vingt quatre remontés au jour et non identifiés et deux disparus n’ont donné lieu à aucun acte de décès.

Il y a donc lieu de rétablir l’acte de décès de ces vingt six ouvriers décédés.

Dans ces circonstances le Procureur de la République soussigné

Vu les articles dix huit et dix neuf du décret du trois janvier mil huit cent treize.

Vu le procès verbal dressé le six août mil neuf cent six par le maire de Billy Montigny.

Vu la liste des victimes y annexée.

Vu la déclaration du directeur de la compagnie des mines de Courrières.

Vu les procès verbaux d’accidents du travail dressés depuis le dix mars mil neuf cent six par le juge de paix du canton de Lens Est.

Vu l’ensemble des renseignements recueillis tant par le magistrat que par le Parquet.

Attendu qu’il résulte de ces pièces la preuve que les personnes ci-après nommées descendues le matin de la catastrophe du dix mars mil neuf cent six dans le puits de la fosse numéro deux des mines de Courrières ont trouvé la mort au fond de ce puits sans qu’il ait été possible soit de retrouver, soit d’identifier, savoir :

Primo :                            Curat Alexandre

Secundo :                        Dehay Jean Baptiste

Tertio :                           Donfut Arthur

Quarto :                         Durieux Nicolas Joseph

Quinto :                          François François

Sexto :                           Gaillard Emile

Septuno :                        Hardelin Jean Baptiste

Octavo :                          Hardelin Joseph

Nono :                            Laude Théodore

Décimo :                         Lenglin Emile

Décimo primo :             Lépinoy Henri Jean Baptiste Joseph

Décimo secundo :             Liégeois Octave Louis Joseph

Décimo tertio :                Lucas Victor Louis Joseph

Décimo quarto :               Macarez Etienne

Décimo quinto :                Mahieux Ernest Louis Joseph

Décimo sexto :                 Mahieux Louis

Décimo septuno :              Monier Henri

Décimo octavo :               Perlot Ildephonse

Decimo nono :                  Rault Paul

Vigesimo :                       Ruol Florimond Ghislain

Vigesimo primo :               Tonneau Fortuné Xavier

Vigesimo secundo :           Tonneau Jean Baptiste

Vigesimo tertio :              Vermuse Henri Louis Joseph

Vigesimo quarto :             Vertefoix Achille

Vigesimo Quinto :             Vimeux Gustave Alcide

Vigesimo sexto :               Wiart Auguste

Requiert qu’il plaise au Tribunal sur le rapport de l’un des Messieurs les juges à cet effet commis.

Déclarer constants dans la commune de Billy Montigny à la date du dix mars mil neuf cent six les décès de :

Primo :                  Curat Alexandre âgé de trente sept ans, né à Lourches Nord le quinze mai mil huit cent soixante huit domicilié à Billy Montigny époux de Gourlet Marie Joseph, mineur, fils de Curat Henri et de Mouton Ursule.

Secundo :              Dehay Jean Baptiste, âgé de quatorze ans, né à Méricourt le vingt quatre juin mil huit cent quatre vingt onze, domicilié à Méricourt, célibataire, mineur, fils de feu Dehay Joseph et de Pamart Marie.

Tertio :                 Donfut arthur âgé de dix neuf ans, né à Frameries (Belgique) le vingt neuf décembre mil huit cent quatre vingt six, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de feu Donfut Désiré Joseph et de Godart Désirée.

Quarto :                Durieux Nicolas Joseph, âgé de trente deux ans, né à Berles au Bois pas de calais le vingt huit juillet mil huit cent soixante treize, domicilié à Billy Montigny, époux de Damiens Antoinette, mineur, fils de Durieux Honoré Théophile et de Camusot Ana.

Quinto :                 François François, âgé de trente un ans, né à Esquerchin (Nord) le vingt deux juillet mil huit cent soixante quatorze, domicilié à Billy Montigny, époux de Zoé Ebe, mineur, fils de François Jules Joseph et de Pennequin Catherine Silvie.

Sexto :                  Gaillard Emile, âgé de trente un ans né à Billy Montigny le vingt deux juillet mil huit cent soixante quatorze, célibataire, domicilié à Billy Montigny, mineur fils de feu Gaillard François et de Gosselin Désirée.

Septuno :               Hardelin Jean Baptiste, âgé de dix sept ans, né à Hersin Coupigny, le onze Février mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Hardelin Jean Baptiste et de Blongeau Ruffine Marie Joseph.

Octavo :                Hardelin Joseph, âgé de quinze ans, né à Méricourt le neuf février mil huit cent quatre vingt onze, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Hardelin Jean Baptiste et de Blondeau Ruffine Marie Joseph.

Nono :                   Laude Théodore, âgé de seize ans, né à Lourches (Nord) le neuf novembre mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, fils de feu Laude Henri et de Loyer Maria.

Décimo :                Lenglin Emile âgé de vingt quatre ans, né à Harnes le premier juin mil huit cent quatre vingt un, domicilié à Billy Montigny, époux de Wautiez Emilie Estelle, mineur, fils de Lenglin Emile et de Chevalier Marie.

Décimo primo :       Lepinoy Henri Jean Baptiste Joseph, âgé de vingt trois ans, né à Athies (Pas de Calais) le trente mars mil huit cent quatre vingt deux, domicilié à Athies, célibataire, mineur, fils de feu Lepinoy Edmond et de Houssin Laure.

Décimo secundo :    Liégeois Octave Louis Joseph, âgé de trente quatre ans, né à Montigny en Gohelle le onze février mil huit cent soixante douze, domicilié à Montigny en Gohelle, époux de Monchy Françoise Zulma Maria.

Décimo tertio :       Lucas Victor Louis Joseph âgé de vingt cinq ans, né à Saint Laurent Blangy (Pas de Calais) le dix avril mil huit cent quatre vingt, domicilié à Athues, époux de Lepinoy Blanche Marie Joseph, mineur, fils de Lucas Constant Ferdinand et de Hubois Elisa Clémentine.

Décimo quarto :      Macarez Etienne âgé de trente six ans, né à Abscon (Nord) le premier janvier mil huit cent soixante dix, domicilié à Billy Montigny, époux de Assez Julie, mineur, fils de Macarez Jean Baptiste et de Lefort Joséphine.

Décimo quinto :      Mahieux Ernest Louis Joseph, âgé de vingt cinq ans, né à Billy Montigny le vingt cinq août mil huit cent quatre vingt, domicilié à Billy Montigny, époux de Philippo Marguerite Héléna Adélaïde, mineur, fils de Mahieux François et de Lecomte Adelina Flore Joseph.

Décimo sexto :       Mahieux Louis âgé de vingt deux ans, né à Billy Montigny le vingt sept mars mil huit cent quatre vingt trois, domicilié à Billy Montigny, époux de Bouillé Maria, mineur, fils de Mahieux François et de Lecomte Adélina Flore Joseph.

Décimo septuno :    Monier Henri âgé de quarante deux ans, né à Escaudin (Nord) le onze décembre mil huit cent soixante trois, domicilié à Méricourt, époux de Flament Amélie, mineur, fils de Minier François et de Drut Catherine.

Décimo octavo :      Perlot Ildephonse âgé de quinze ans, né à Drocourt le onze février mil huit cent quatre vingt onze, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Perlot Ildephonse et de Hourdequin Augustine.

Décimo nono :                  Rault Paul âgé de vingt cinq ans né à Noeux les Mines, le vingt octobre mil huit cent quatre vingt, domicilié à Rouvroy, célibataire, mineur, fils de feus Rault Paul Gustave et de Tancrez Rose Rosalie.

Vigesimo :              Ruol Florimond Ghislain, âgé de dix huit ans, né à Gouy lez Piéton (Belgique) le vingt six août mil huit cent quatre vingt sept, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Ruol Nicolas et de Dubois Eugénie Ghislaine.

Vigesimo primo :     Tonneau Fortuné Xavier, âgé de trente huit ans, né à Hénin Liétard le trente mai mil huit cent soixante sept, domicilié à Billy Montigny , époux de Morrien Angèle Clémence, mineur, fils de Tonneau Fortuné et de Crunelle Charlotte.

Vigesimo secundo :  Tonneau Jean Baptiste, âgé de quarante trois ans, né à Bernissart (Belgique) le deux février mil huit cent soixante trois, domicilié à Billy Montigny, époux de Mahaux Charlotte Hortense Marie Joseph, mineur, fils de Tonneau Fortuné et de Crunelle Charlotte.

Vigesimo tertio :     Vermuse Henri Louis Joseph, âgé de vingt un ans, né à Billy Montigny le cinq mars mil huit cent quatre vingt cinq, domicilié à Billy Montigny, célibataire, fils de Vermuse Henri Désiré et de Desailly Catherine Marie Joseph.

Vigesimo quarto :    Vertefoix Achille âgé de vingt trois ans, né à Courcelles lez lens le vingt sept décembre mil huit cent quatre vingt deux, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de feu Vertefoix Henri et de Lechien Julie.

Vigesimo quinto :    Vimeux Gustave Alcide, âgé de seize ans, né à Bouquemaison (somme) le vingt cinq mars mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Vimeux François Alcide et de Duflos Zulma Adolphine Sophie.

Vegisimo sexto :     Wiart Auguste, âgé de seize ans, né à Carlepont (Oise) le dix juillet mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Wiart Auguste Sévère et de Engèle Marguerite.

 

Ordonner que le présent jugement tiendra lieu aux intéressés d’acte de décès qu’il sera transcrit intégralement sur le registre aux actes de décès de la commune de Billy Montigny, pour l’année courante ; que mention en sera faite en marge du même registre à la page correspondant à la date du dix mars mil neuf cent six enfin que le jugement à intervenir étant requis d’office dans un intérêt d’ordre public, il sera écrit sur papier libre visé pour timbre et enregistré gratis.

Parquet de Béthune le six octobre mil neuf cent six.

Le Procureur de la République : Signé : Deransart.

Nous vice-Président du Tribunal civil de Béthune commettons Monsieur Bocquillon juge pour faire rapport.

Béthune le dix octobre mil neuf cent six. Signé Legrand.

Qui en son rapport Monsieur Bocquillon juge du siège commis par ordonnance de Monsieur le Président en date du dix de ce mois mise en marge de la requête ci-jointe

Qui Monsieur Mirande substitut du Procureur de la République en ses conclusions

Vu le réquisitoire de Monsieur le Procureur de la République du six octobre mil neuf cent six mise en marge de la requête jointe.

Après en avoir délibéré conformément à la loi.

Attendu que le dix mars mil neuf cent six, une explosion se produisit au fond des fosses deux trois et quatre des mines de Courrières.

Que le matin de la catastrophe cent soixante ouvriers mineurs étaient descendus à la mine par le puits de la fosse numéro deux situé sur le territoire de la commune de Billy Montigny.

Qu’à l’heure actuelle cent cinquante huit cadavres ont été remontés au jour, deux n’ont pu être retrouvés et ne le seront vraisemblablement jamais.

Attendu que sur les cent cinquante huit cadavres remontés centre trente quatre ont été reconnus et ont fait l’objet d’actes de décès réguliers dresses par le maire de Billy Montigny, que vingt six des ouvrier mineurs morts dans la catastrophe soit vingt quatre remontés au jour et non identifiés et deux disparus n’ont donné lieu à aucun acte de décès.

Qu’il y a donc lieu d’établir l’acte de décès de ces vingt six ouvriers décédés.

Vu les articles dix huit et dix neuf du décret du trois janvier mil huit cent treize.

Vu le procès verbal dressé le six août mil neuf cent six par le maire de la commune de Billy Montigny.

Vu la liste des victimes y annexée.

Vu la déclaration du Directeur de la Compagnie des mines de Courrières.

Vu les procès verbaux d’accidents du travail dressés depuis le dix mars mil neuf cent six par le juge de paix du canton de Lens Est.

Vu l’ensemble des renseignements reconnus tant par ce magistrat que par le parquet.

Attendu qu’il résulte de ces pièces les preuves que les personnes ci après nommées descendues le matin de la catastrophe du dix mars mil neuf cent six dans le puits de la fosse numéro deux des mines de Courrières ont trouvé la mort au fond de ce puits sans qu’il ait été possible de retrouver soit d’identifier leurs corps, savoir :

Primo :                             Curat Alexandre

Secundo :                        Dehay Jean Baptiste

Tertio :                           Donfut Arthur

Quarto :                         Durieux Nicolas Joseph

Quinto :                          François François

Sexto :                           Gaillard Emile

Septuno :                        Hardelin Jean Baptiste

Octavo :                          Hardelin Joseph

Nono :                            Laude Théodore

Décimo :                         Lenglin Emile

Décimo primo :             Lépinoy Henri Jean Baptiste Joseph

Décimo secundo :             Liégeois Octave Louis Joseph

Décimo tertio :                Lucas Victor Louis Joseph

Décimo quarto :               Macarez Etienne

Décimo quinto :                Mahieux Ernest Louis Joseph

Décimo sexto :                 Mahieux Louis

Décimo septuno :              Monier Henri

Décimo octavo :               Perlot Ildephonse

Decimo nono :                  Rault Paul

Vigesimo :                       Ruol Florimond Ghislain

Vigesimo primo :              Tonneau Fortuné Xavier

Vigesimo secundo :          Tonneau Jean Baptiste

Vigesimo tertio :              Vermuse Henri Louis Joseph

Vigesimo quarto :             Vertefoix Achille

Vigesimo Quinto :             Vimeux Gustave Alcide

Vigesimo sexto :               Wiart Auguste

PAR CES MOTIFS : le Tribunal déclare constants dans la commune de Billy Montigny à la date du dix mars mil neuf cent six les décès de :

Primo :                  Curat Alexandre âgé de trente sept ans, né à Lourches Nord le quinze mai mil huit cent soixante huit domicilié à Billy Montigny époux de Gourlet Marie Joseph, mineur, fils de Curat Henri et de Mouton Ursule.

Secundo :              Dehay Jean Baptiste, âgé de quatorze ans, né à Méricourt le vingt quatre juin mil huit cent quatre vingt onze, domicilié à Méricourt, célibataire, mineur, fils de feu Dehay Joseph et de Pamart Marie.

Tertio :                 Donfut arthur âgé de dix neuf ans, né à Frameries (Belgique) le vingt neuf décembre mil huit cent quatre vingt six, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de feu Donfut Désiré Joseph et de Godart Désirée.

Quarto :                Durieux Nicolas Joseph, âgé de trente deux ans, né à Berles au Bois pas de calais le vingt huit juillet mil huit cent soixante treize, domicilié à Billy Montigny, époux de Damiens Antoinette, mineur, fils de Durieux Honoré Théophile et de Camusot Ana.

Quinto :                 François François, âgé de trente un ans, né à Esquerchin (Nord) le vingt deux juillet mil huit cent soixante quatorze, domicilié à Billy Montigny, époux de Zoé Ebe, mineur, fils de François Jules Joseph et de Pennequin Catherine Silvie.

Sexto :                  Gaillard Emile, âgé de trente un ans né à Billy Montigny le vingt deux juillet mil huit cent soixante quatorze, célibataire, domicilié à Billy Montigny, mineur fils de feu Gaillard François et de Gosselin Désirée.

Septuno :               Hardelin Jean Baptiste, âgé de dix sept ans, né à Hersin Coupigny, le onze Février mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Hardelin Jean Baptiste et de Blongeau Ruffine Marie Joseph.

Octavo :                Hardelin Joseph, âgé de quinze ans, né à Méricourt le neuf février mil huit cent quatre vingt onze, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Hardelin Jean Baptiste et de Blondeau Ruffine Marie Joseph.

Nono :                   Laude Théodore, âgé de seize ans, né à Lourches (Nord) le neuf novembre mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, fils de feu Laude Henri et de Loyer Maria.

Décimo :                Lenglin Emile âgé de vingt quatre ans, né à Harnes le premier juin mil huit cent quatre vingt un, domicilié à Billy Montigny, époux de Wautiez Emilie Estelle, mineur, fils de Lenglin Emile et de Chevalier Marie.

Décimo primo :       Lepinoy Henri Jean Baptiste Joseph, âgé de vingt trois ans, né à Athies (Pas de Calais) le trente mars mil huit cent quatre vingt deux, domicilié à Athues, célibataire, mineur, fils de feu Lepinoy Edmond et de Houssin Laure.

Décimo secundo :    Liégeois Octave Louis Joseph, âgé de trente quatre ans, né à Montigny en Gohelle le onze février mil huit cent soixante douze, domicilié à Montigny en Gohelle, époux de Monchy Françoise Zulma Maria.

Décimo tertio :       Lucas Victor Louis Joseph âgé de vingt cinq ans, né à Saint Laurent Blangy (Pas de Calais) le dix avril mil huit cent quatre vingt, domicilié à Athues, époux de Lepinoy Blanche Marie Joseph, mineur, fils de Lucas Constant Ferdinand et de Hubois Elisa Clémentine.

Décimo quarto :      Macarez Etienne âgé de trente six ans, né à Abscon (Nord) le premier janvier mil huit cent soixante dix, domicilié à Billy Montigny, époux de Assez Julie, mineur, fils de Macarez Jean Baptiste et de Lefort Joséphine.

Décimo quinto :      Mahieux Ernest Louis Joseph, âgé de vingt cinq ans, né à Billy Montigny le vingt cinq août mil huit cent quatre vingt, domicilié à Billy Montigny, époux de Philippo Marguerite Héléna Adélaïde, mineur, fils de Mahieux François et de Lecomte Adelina Flore Joseph.

Décimo sexto :       Mahieux Louis âgé de vingt deux ans, né à Billy Montigny le vingt sept mars mil huit cent quatre vingt trois, domicilié à Billy Montigny, époux de Bouillé Maria, mineur, fils de Mahieux François et de Lecomte Adélina Flore Joseph.

Décimo septuno :    Monier Henri âgé de quarante deux ans, né à Escaudin (Nord) le onze décembre mil huit cent soixante trois, domicilié à Méricourt, époux de Flament Amélie, mineur, fils de Minier François et de Drut Catherine.

Décimo octavo :      Perlot Ildephonse âgé de quinze ans, né à Drocourt le onze février mil huit cent quatre vingt onze, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Perlot Ildephonse et de Hourdequin Augustine.

Décimo nono :                  Rault Paul âgé de vingt cinq ans né à Noeux les Mines, le vingt octobre mil huit cent quatre vingt, domicilié à Rouvroy, célibataire, mineur, fils de feus Rault Paul Gustave et de Tancrez Rose Rosalie.

Vigesimo :              Ruol Florimond Ghislain, âgé de dix huit ans, né à Gouy lez Piéton (Belgique) le vingt six août mil huit cent quatre vingt sept, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Ruol Nicolas et de Dubois Eugénie Ghislaine.

Vigesimo primo :     Tonneau Fortuné Xavier, âgé de trente huit ans, né à Hénin Liétard le trente mai mil huit cent soixante sept, domicilié à Billy Montigny , époux de Morrien Angèle Clémence, mineur, fils de Tonneau Fortuné et de Crunelle Charlotte.

Vigesimo secundo :  Tonneau Jean Baptiste, âgé de quarante trois ans, né à Bernissart (Belgique) le deux février mil huit cent soixante trois, domicilié à Billy Montigny, époux de Mahaux Charlotte Hortense Marie Joseph, mineur, fils de Tonneau Fortuné et de Crunelle Charlotte.

Vigesimo tertio :     Vermuse Henri Louis Joseph, âgé de vingt un ans, né à Billy Montigny le cinq mars mil huit cent quatre vingt cinq, domicilié à Billy Montigny, célibataire, fils de Vermuse Henri Désiré et de Desailly Catherine Marie Joseph.

Vigesimo quarto :    Vertefoix Achille âgé de vingt trois ans, né à Courcelles lez lens le vingt sept décembre mil huit cent quatre vingt deux, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de feu Vertefoix Henri et de Lechien Julie.

Vigesimo quinto :    Vimeux Gustave Alcide, âgé de seize ans, né à Bouquemaison (somme) le vingt cinq mars mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Vimeux François Alcide et de Duflos Zulma Adolphine Sophie.

Vegisimo sexto :     Wiart Auguste, âgé de seize ans, né à Carlepont (Oise) le dix juillet mil huit cent quatre vingt neuf, domicilié à Billy Montigny, célibataire, mineur, fils de Wiart Auguste Sévère et de Engèle Marguerite.

Ordonne que le présent jugement tiendra lieu aux intéressés d’actes de décès, qu’il sera transcrit intégralement sur le registre aux actes de décès de la commune de Billy Montigny pour courante ; que mention en sera faite en marge du même registre à la page correspondante à la date du dix mars mil neuf cent six.

Dit que le présent jugement sera transcrit et expédié sur papier libre visé pour timbre et enregistré gratis

Ainsi fait et jugé au Palais de Justice du tribunal civil de première instance de l’arrondissement de Béthune.

A l’audience dudit tribunal tenue publiquement le onze octobre mil neuf cent six.

Etaient présents : Messieurs Legrand Président, Certeux, juge, Bocquillon juge suppléant, Mirande substitut du Procureur de la République , Tiberghien commis greffier : Signé Legrand et Tiberghien

Visé pour timbre et enregistré gratis à Béthune le quinze octobre mil neuf cent six. Folio soixante un case neuf. Signé Eloy

En conséquence le Président de la République Française mande et ordonne à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution aux Procureur Généraux et aux Procureurs de la République près les tribunaux de première instance d’y tenir la main à tous commandants et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.

En foi de quoi la minute du présent jugement a été signé par le président dudit tribunal et par le greffier et le scel a été apposé aux présents.

Pour copie conforme.










 



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