MARIA APPOLLONIE DUBOIS-CAUVIN - 1858 - 1918






Remonter le temps est toujours une aventure pleine de surprise, surtout lorsqu’elle concerne sa propre famille.
On découvre souvent que ce qui a pu offusquer dans les années cinquante et faire un gros scandale, voir une histoire de famille tûe aux générations suivantes, était presque la normalité dans les années 1860.

J’ai toujours eu une grande tendresse pour mes quatre arrières grands-mères que j’ai eu la chance de connaître, mes arrières grands pères les ayant laissées veuves assez longtemps pour que je puisse profiter d’elles et me forger des racines profondes, c’est sans doute pour cela que je m’intéresse autant à la généalogie.

Je vous propose de faire un petit saut en arrière, en 1858 exactement, date à laquelle est née mon AAGM qui a donné son prénom à mon AGM, Maria Appolonie ou Appolonia suivant la fantaisie des rédacteurs d’actes de l'époque.

Celle-ci est née le 13 janvier 1858 à Raismes dans le Nord. Déclarée par son père Napoléon Dubois, âgé de 24 ans, ouvrier mineur. Sa mère s’appelait Sidonie Lesage, elle avait 25 ans et était lingère. La famille vivait au Hameau de Vicoigne près de Raismes (59) là où résidaient la plupart des mineurs et où elle a sans doute croisé plus d’une fois ceux qui deviendront sa deuxième famille, les Cauvin, et également les Tavernier. Sa fille aînée épousera Numa Tavernier mon AGP.



Est-ce qu’enfant elle rencontrera son futur mari Jean Baptiste Cauvin dans cette vaste cité minière ? On peut l’imaginer sans peine, mais les archives ne parlent pas de la vie quotidienne, et comme il faut attendre la mise en ligne des recensements de 1906 pour avoir un petit éclaircissement sur la répartition de la population de la ville de Raismes, je ne peux que romancer un peu l’histoire de ce jeune couple qui se mariera le 9 août 1875.





En lisant l’acte de mariage, on se rend vite compte que cette union est un peu « spéciale » et cache un petit cadeau. Tout d’abord l’âge de la mariée est de 17 ans et demi et celui du marié de vingt ans, deux enfants mineurs qui s’aimaient et qui n’ont pas attendu pour s’unir car c’est très enceinte que Maria Appolonie a dit oui à son amoureux.

Je ne sais pas si la famille Dubois était très emballée par cette union rapidement conclue, car les témoins du mariage au nombre de quatre à cette époque, étaient Pierre, Jules et Henri Cauvin, les frères de Jean Baptiste et Jean Baptiste Floreck, son beau frère.

Jean Baptiste est à ce moment ouvrier mineur, prêt à partir sous les drapeaux, où il sera stationné à Verdun.

C’est mon AGM qui voit le jour le 29 septembre 1875, ne comptez pas sur les doigts, il s’est à peine écoulé un mois et demi quand la nouvelle petite Maria Appollonie a pointé le bout de son nez.

Photo de mon AGM Marie Appollonie déjà une jeune femme. Nous n’avons retrouvé aucune photo d’elle enfant. 



Mais c’est le moment pour Jean Baptiste de partir à l’armée, nous sommes le 22 Octobre 1875, voici son livret militaire.



Lorsqu’il fera un bref retour, il laissera un nouveau petit cadeau à Maria qui mettra au monde cette fois un petit garçon prénommé Jean Baptiste. Il naîtra le 18 Mai 1877. Son père est reparti pour l’armée, et c’est son grand père Napoléon qui le déclarera.



Père de deux enfants, Maria prend une grande décision, elle quitte Raismes pour rejoindre son homme, et elle deviendra cantinière, d’où cette photo retrouvée dans les albums de famille et que j'ai eu du mal à identifier.



C’est donc à Verdun qu’elle mettra au monde la petite Victorine Sidonie, le 12 août 1878,





puis elle aura un autre petit garçon, Léon Achille, qui viendra au monde le 28 août 1879.




Le couple sera de retour dans le Pas de Calais avant 1884 car malheureusement c’est durant cette année que le petit Léon Achille décédera à Hénin Liétard, à l’âge de quatre ans, c’est le jour de Noël, le 25 décembre, une bien triste fin d’année pour la famille.


Maria aura encore deux autres enfants nés tous deux à Hénin Liétard : deux filles : Alice, née le 30 avril 1887 


puis Bathilde, le 8 Février 1890.






Qui est cette petite fille ? La photo a été prise après le retour dans le Pas de Calais du couple. Elle a été faite à Hénin Liétard, on peut supposer qu'il s'agisse de Alice ou Bathilde

Heureusement tous ses enfants vivront, ils se marieront et auront une nombreuse progéniture, comme mon AGM son aînée qui a mis au monde neuf enfants , dont six ont vécu jusqu’à l’âge adulte et que j’ai tous connus.

Maria Appolonie nous quittera le 19 juin 1918 à Raismes à 60 ans. Mais je fis une triste découverte à la lecture de son acte de décès : 


« Le dix neuf juin mil neuf cent dix huit, à quatre heures du soir (heure actuelle de l’hotel de ville) Maria Apollonie Dubois, née à Raismes (Nord) le treize janvier mil huit cent cinquante huit, ménagère, fille de feu Napoléon Dubois et de feue Sidonie Lesage, épouse de Jean Baptiste Cauvin, soixante trois ans, domicile inconnu
Est décédée en son domicile, rue de Vicoigne.
Dressé le dix neuf juin mil neuf cent dix huit, cinq heures du soir sur la déclaration de Honorine Delattre vingt sept ans, employé demeurant à Raismes et de Jules Cauvin soixante et onze ans retraité demeurant à Raismes, beau frère de la défunte, qui lecture faite ont signé avec Nous Ferdinand Lepez maire de Raismes. »

Je dois donc comprendre que Maria est morte seule, sans savoir ce qu’était devenu son mari dont elle ne s’était jamais séparée. J’ai relu les actes de mariage des enfants, Jean Baptiste est présent sur chacun d’eux. Il aurait donc disparu entre 1908 date du dernier mariage, celui de Bathilde, et 1918, soit une période de presque dix ans.

Sur Raismes pas de recensement en ligne, et je resterai avec mes interrogations encore quelques temps. A-t-il disparu volontairement ? Est-il mort sans identité, il arrive souvent de lire sur les registres de l’Etat Civil des actes où aucun nom n’a pu être inscrit. Est-il une victime civile inconnue de la guerre 14-18 ?

J'espère un jour apporter une réponse à ce mystère...

Une photo de Maria, beaucoup plus âgée, entourée de deux de ses filles, Marie mon AGM et Victoire Sidonie.

Ce qui est curieux toutefois est de constater que nous avons quelques photos de la famille Cauvin dont celle, abimée par le temps, de notre Maria Appolonie, mais aucune de Jean Baptiste, pourtant j’avais une AGM très conservatrice. Est-ce que je dois comprendre que Jean Baptiste n’avait plus sa place dans la famille ?
Mon AGM a-t-elle préféré oublier ce père comme ses enfants trop tôt disparus dont nous n’avons aucune trace photographique. Il y en a même une qui a été découpée.

Je vous présente mon AGM Marie, avec à gauche ma GM Virginie et sa petite sœur Alice à droite, photo que j'ai un peu colorisée, on voit bien qu'elle a été découpée.

Voilà une histoire familiale de plus à raconter à mes petits enfants.

Pour l’anecdote et revenir sur ma petite réflexion du début du texte, si mon AAGM s’est mariée très enceinte, sa fille, mon AGM Marie l’était tout autant, mais un peu moins quand même, ou alors son premier enfant était très très prématuré….
Mais quand ma mère a connu la même histoire, la famille a semble-t-il été bien plus sévère et la venue d’un frère qui malheureusement n’a pas vécu plus de trois jours, a créé un tsunami familial dont mes parents ce seraient bien passés.

Nous avons la mémoire courte et sélective en ce qui concerne nos propres péripéties, mais notre réaction est loin d’être aussi tendre lorsqu’il s’agit de quelqu’un d’autre !

 ******

Vous trouverez ci-dessous quelques petites explications sur le Hameau de Vicoigne tirée de Wikipédia et accompagnées de photos, je vous conseille de lire l’article en entier.

« La fosse no 1 dite Boitelle ou du Prussien de la Compagnie des mines de Vicoigne est un ancien charbonnage du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, situé à Raismes. Les travaux sont commencés en 1839 par la Compagnie de Cambrai. Celle-ci s'associe avec les Compagnies de l'Escaut et de Bruille pour former la Compagnie de Vicoigne. Un terril plat no 172, Prussien, est édifié à l'ouest de la fosse, de l'autre côté de la route.
La Compagnie des mines de Vicoigne est n ationalisée en 1946, et intègre le Groupe de Valenciennes. La fosse no 1 continue d'assurer jusque 1955 le retour d'air de la fosse no 3, puis assure celui de la fosse Sabatier des mines d'Anzin jusqu'en 1971, date à laquelle le puits est remblayé. Les installations sont ensuite détruites. »









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